Leilani Gotô {Terminé}

Le bruit de la pluie est connue comme étant quelque chose d'apaisant, malheureusement, à l'heure actuelle, elle n'assumait pas son rôle thérapeutique pour le pauvre Renshi. C'était la semaine de la Golden Week, les bâtiments de l'école était quasiment vide, tous les élèves étaient partis afin de passer un peu de temps avec leur proche et profiter de ces quelques jours de repos. La famille Akimoto s'était absenté à Okinawa pour affaires, le père de Renshi devait s'occuper d'une exposition dans laquelle il participé en présentant quelques unes de ses créations. Il était donc parti en compagnie de sa femme et du plus jeune de ses fils, et c'est surtout ce dernier détail qui contrarié Renshi, juste parce que Yukio avait eu la chance de ne plus avoir de cours quand le départ de leurs parents était prévu, il avait pu les accompagner. Il était donc là, à errer seul dans les couloirs, il ne pouvait même pas sortir et profiter de l'extérieur à cause de cette pluie torrentielle qui s'abattait sur Tokyo.
Personne, c'était d'un ennui, lui qui aimait tant être entouré, discuter même de rien avec ses amis, tous étaient partis, passait surement de très bons moments avec les gens qu'ils aiment et apprécient. Renshi lui n'avait que les murs comme interlocuteur, peut être pouvait il vérifier le fait que l'on dit que "les murs ont des oreilles". Il s'ennuyait tellement qu'il arrivait même de se surprendre de penser des choses complètement irréfléchis et stupide. Que pourrait il bien faire pour s'occuper afin de rendre le temps plus court. Puis de vague bruit de pas se firent entendre dans la couloir, s'agissait il enfin d'un élève qui avait eu aussi la malchance de devoir rester à l'école ? Hélas non, ce n'était qu'un simple employé chargé du nettoyage, il faisait le tour des salles de cours afin de vérifier si elles étaient correctement nettoyées. Renshi ne le connaissait que sans plus, étant un interne, il l'avait forcément croisé de temps à autre. Ne faisant pas partir de l'administration de l'école, les potentiels informations que cet employés connaissait du jeune homme était les même que celles détenues par les élèves. L'intérieur de la poitrine de Renshi était en train de bouillir, il avait une envie irrésistible de parler même à ce pauvre homme qui le connaissait à peine. Finalement, ce fut l'inverse, l'employé engagea la conversation. Apparemment, il s'était pris de pitié de voir Renshi tout seul dans ces longs couloirs.

"Ca doit te paraitre bien long le temps. Comment se fait il que tu ne sois pas avec tes parents ?"

"Mon père est parti pour affaire à Okinawa, j'avais encore cours, ils n'ont donc pas pu m'emmener avec eux."

"Je serai inquiet de laisser un p'tit jeune de même pas dix-huit ans tout seul ici. Enfin, bref. J'espère que tu trouveras de quoi t'occuper pendant cette longue semaine."

L'homme lui fit un signe de la main pour lui signaler qu'il partait. Cette journée était décidément magnifique, après un long moment d'ennui et d'énervement, il venait d'avoir affaire à l'une de ses personnes particulièrement douée pour remonter le moral des troupes. Même pas dix-huit ans, si il savait qu'il en avait déjà vingt. Personne le savait d'ailleurs, il devait avouer que jouer les petits adolescents était marrant, mais seulement quand il était entouré, là il n'avait rien d'amusant. Désespérément blasé de cette situation, il se laissa tomber le long d'un mur. C'est qu'il entendit un léger craquement au niveau de la poche arrière de son pantalon qu'il stoppa sa descente, son portable avait bien failli finir compressé par le poids de ses fesses, pas que Renshi pesait trois tonnes, mais les derniers petits bijoux technologique étaient, bien sur très beaux et très chers, mais ils étaient aussi malheureusement très fragiles. Par chance, il n'avait rien, enfin même si il avait eu quelque chose, il serait allé rapidement s'en acheter un autre. Il regarda son téléphone, tripotant les touches et parcourant les différents menus, il finit par hasard, ou peut être était ce un geste de son subconscient, sur le numéro de portable de sa mère. Pouvant maintenant s'asseoir, il resta bien quelques longues secondes à scruter l'écran de son gsm, c'était très étrange car il semblait complètement déconnecté. N'importe qui, qu'il connaissait, l'aurai vu dans cet état, tomberait perplexe de voir ce genre d'attitude, Renshi était un garçon si joyeux que le voir ainsi serait presque choquant. Il avait besoin de contact humain.
Les gestes qui suivirent furent instinctifs et totalement non calculés, son index appuya sur le bouton d'appel et après quelques sonneries, la voix de sa mère retentit.

"Moshi moshi ? ... Renshi chéri, c'est toi ?"

Il apposa enfin son cellulaire contre son oreille.

"Oui."

"Qu'y a t'il mon chéri, tu n'as pas l'air bien."

"Pourquoi vous m'avez pas donné l'autorisation de quitter les cours quelques jours avant pour que je puisse venir avec vous ?"

"Renshi, on en a déjà discuté, l'école est importante, on ne peut pas se permettre de te faire quitter l'école même deux jours."

"Je m'ennuie à mourir, y a personne, tu sais très bien que je déteste être seul, il pleut à torrent, je peux même pas sortir, je vais devenir dingue avant la fin de la semaine. La seule personne à qui j'ai parlé, c'est un homme à tout faire qui nettoyer les salles de cours."

"Renshi, ne commence pas à te plaindre, tu aimes cette école n'est ce pas ?"

"Pourquoi tu me dis ca comme ca ? Bien sur que j'aime cette école, tu comptes me retirer de là parce que vous avez pas voulu faire en sorte que je passe un bon Golden Week ?"

"Je te passe ton père. Jûzo ! Parle à ton fils, il nous fait une comédie."

"Renshi, prend ton mal en patience, la semaine passera vite, et puis tu trouveras surement de quoi t'occuper."

"J'adore, vous êtes tellement compréhensif. Et c'est pas la peine de me parler comme à un gosse à ce que je sache vous êtes très bien au courant que j'ai vingt ans et non pas dix-sept. Merci, en tout cas, oui, je vais surement trouver de quoi m'occuper."

Puis il raccrocha. Cet appel ne fut pas un chose très productive dans une éventuelle envie de se changer les idées, dans le bon sens. Sur les nerfs, il n'avait qu'une envie, sortir dehors, qu'importe le temps qu'il faisait. Il se remis sur ses pieds et longea le couloirs collés contre le mur en direction de la sortie. Un raclement de gorge l'interpella quand il passa à un croisement. Sa gorge se noua et son cœur accéléra, il priait pour que ce soit encore l'homme de ménage, situé à cette distance et sur le ton dans lequel il venait de parler, cette personne avait forcément tout entendu. Elle venait d'être mise au courant du mensonge que gardait Renshi. Il tourna légèrement la tête et s'aperçut qu'il s'agissait de Shizue Wakiya, elle était aussi en deuxième année, elle connaissait Renshi et son "âge". Comment faire ? La meilleure technique était de faire comme si de rien n'était, engagea la conversation de la manière la plus banale possible.

"Shizue-chan ? Comment tu vas ? Toi aussi tu es forcée à rester ici ?"

"Effectivement oui, mes parents avaient d'autres obligations, et puis apparemment cela m'apporte de charmante et étonnante nouvelle."

"Des nouvelles ? C'est à dire ?"

Sa salive semblait se transformer en chewing gum, elle passait difficilement dans sa gorge.

"Renshi, je sais que tu n'es pas bête et je sais que tu sais que je ne le suis pas également."

Il baissa la tête.

"Je sais, oui. J'imagine que tu m'as entendu avouer mon âge. Je n'ai pas dix-sept ans mais vingt."

" Pourquoi inventé cette histoire ?"

"Pour te répondre franchement, je ne sais pas, mais j'aime beaucoup les situations dans lesquelles je me trouve en faisant croire à tout le monde que j'ai seulement que dix-sept. Et c'est tellement facile pour moi, je suis loin d'avoir la maturité de quelqu'un de vingt ans et voir tout le monde me considérer comme un adulte me fait peut être un peu peur."

"Hum, mais tu sais que ce n'est pas bien de mentir. Mais dans un sens, j'arrive à comprendre pourquoi tu fais ca. Je te connais un minimum et même si je viens d'apprendre que tu as réellement vingt ans, c'est dur de l'admettre et de coller ca à ta personnalité."

Renshi se plaça face à Shizue, s'adossant contre le mur situé en face d'elle.

"Shizue. Je pourrais de demander un très gros service ?"

Shizue sourit, cela n'était pas très difficile de deviner de quoi retourner sa demande.

"Tu veux que je garde le secret, c'est bien ca ?"

"Si cela t'es possible, je préfèrerais. Je voudrais être certain de pouvoir avoir confiance en ton silence."

"Je ne vois pas ce qui pourrait faire en sorte de ne pas t'accorder ce service. Tu ne fais rien de méchant et de blessant envers les autres. Tu peux être certain que je ne dévoilerais rien. Et je dois te dire que tu as de la chance, je sais tenir un secret."

"Je te remercie Shizue."

Renshi la remercia poliment en se courbant franchement.

"J'ai besoin de prendre l'air un peu, si ca te dis de te joindre à moi ?"

"Non, je te remercie, je dois faire quelques petites choses et puis je crois que tu dois te remettre de toutes ces émotions. Ja ne"

Renshi la regarda s'éloigner, avait il bien fait d'accorder sa confiance à Shizue, de toutes les façons il n'avait pas eu le choix, et seul l'avenir lui révélera si il avait tord ou raison. Il se retrouva encore seul, mais sous le porche à l'extérieur, il semblait voir que le pluie diminuait d'intensité. Allait-il enfin arrêter de pleuvoir ?